viernes, 9 de agosto de 2013

Marthe, de René Char

Marthe que ces vieux murs ne peuvent pas s’approprier, fontaine où se mire ma monarchie solitaire, comment pourrais-je jamais vous oublier puisque je n’ai pas à me souvenir de vous : vous êtes le présent qui s’accumule. Nous nous unirons sans avoir à nous aborder, à nous prévoir comme deux pavots font en amour une anémone géante.
Je n’entrerai pas dans votre coeur pour limiter sa mémoire. je ne retiendrai pas votre bouche pour l’empêcher de s’ouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir. je veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne devienne introuvable.
Marthe de la que estos viejos muros no pueden apropiarse, fuente donde se mira mi monarquía solitaria, cómo podría yo olvidarme de tí si no tengo que recordarte: eres el presente que se acumula. Nos uniremos sin tener que abordarnos, al igual que dos amapolas hacen en amor una anémona gigante. Yo no entraré en tu corazón para limitar su memoria, yo no retendré  tu boca para evitar que se abra al azul del aire y a la sed de partir, yo quiero ser para tí la libertad y el viento de la vida que pasa por el umbral de siempre antes de que la noche se vuelva inencontrable 

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